La Saint valentin ou la solitude au féminin

Publié le par Prisca Stani

http://www.rti.ci/images/fem120111.jpgPour ce week-end de la Saint Valentin,  un sujet nous a séduit. La solitude au féminin. Nous avons pénétré l’univers de ces femmes bardées de diplômes, accrochées à leur autonomie financière, passionnée de leur travail qui, ont décidé de briser la célèbre « hors du couple, point de salut ». Cette solitude diversement appréciée, n’est cependant pas toujours facile à supporter...

Annie K. a 36 ans. Elle est juriste. Comme plus d’une femme cadre sur cinq,elle est bardée de diplôme et a fermement décidé de se battre pour réussir sa vie professionnelle, sans ambages quelconque. Ses collègues sont unanimes,  au cabinet  d’avocats dans lequel elle exerce. Anna est une bosseuse efficace mais souvent, un peu trop irritable. « Ce n’est pas de sa faute, elle est déséquilibrée », indique l’un d’eux, l’œil rieur.  « On dirait souvent qu’elle en veut à toute la terre », chuchote son secrétaire particulier. « Elle a besoin d’un vrai mec dans son lit chaque soir, cela la détendrait», lance de loin un autre, non convié à l’échange. Major de toutes ses promotions, lorsqu’elle était encore sur les bancs de l’école, Annie, même si elle reconnaît les faits qui lui sont reprochés, se désole de l’interprétation de ses collègues. Sa vie privée assure t-elle, n’influe en rien ses activités professionnelles. S’il est vrai qu’à 36 ans elle n’a personne dans sa vie, ni petit ami, ni enfant, elle estime que cela est la conséquence logique d’un choix de vie.

Difficile choix dans une société africaine

La solitude est perçue comme une chose effrayante. Une personne seule se voit montrée du doigt. Les gens en couple en parlent avec condescendance. Si quelqu’un vit seul, quelque chose doit clocher forcément ! On dira d’un homme seul qu’il est un « homosexuel refoulé », ou un « pervers », un « violent ». D’une femme qu’elle doit avoir « un caractère impossible », ou n’a pas réglé « un problème avec son père ». Ou encore, on parle de « ratage », d’échec de vie. »Tous ces clichés  forgent une opinion cruelle fondée sur l’idée, qu’en dehors du couple point de salut. On a bien vu le poids de ces poncifs après que François Hollande ai quitté Ségolène Royal. Elle a été montrée comme une femme solitaire, blessée, vaincue. Des journaux ont raillé la présence d’un seul oreiller dans son lit. Ces opinions négatives exercent une forte pression sur les personnes pas mariées. Elles les culpabilisent et les blessent. Sous nos cieux, le tableau est plus sombre, une femme seule est considérée comme une débauchée car n’ayant pas un homme pour la "tenir" et être garant de sa respectabilité, c’est-à-dire imposer sa soumission totale à l’ordre patriarcal. « Une femme seule est une salope déchaînée se livrant à toutes les débauches… », tranchent les plus radicaux.

Et pourtant, la solitude « moderne » prospère …

Aujourd’hui, les personnes seules ne forment plus une bande à part, dans un monde où le couple à vie serait la seule norme. Les célibataires deviennent aussi banals que les gens mariés, les séparations aussi communes que les mises en ménage. La solitude moderne prospère. Chez les « jeunes gens », on tarde de plus en plus à s’engager en couple. Pour des raisons économiques, mais aussi par choix. Apprendre un métier, être indépendant financièrement constituent l’objectif premier. « Ne pas dépendre d’un homme, voilà à quoi pensent les jeunes femmes d’aujourd’hui. Au siècle dernier, elles voulaient se marier tôt avec un homme protecteur, faire des enfants, maintenant elles retardent le plus possible. Elles veulent choisir en connaissance de cause ». L’éros compte, aussi. Femmes et hommes veulent fréquenter plusieurs personnes avant de se fixer, faire des « expériences », trouver l’accord physique avec quelqu’un. Un sondage IFOP de 1999 révélait que 37% des femmes célibataires faisaient l’amour une à plusieurs fois par semaine - pas beaucoup moins que les femmes mariées.

Les obligés…

La solitude est mal vécue par certaines filles, dont le célibat se prolonge un peu trop, jusqu’à un âge critique où les chances de fonder une vie de famille s’amenuisent.
En effet, le taux du célibat dépasse les 50 % pour les filles âgées de 25-29 ans. Il ne cesse d’augmenter parmi les femmes âgées de 25-39ans ou encore celles âgées de 40-44 ans.
Mais, ceci ne dépend pas toujours d’elles. « Les hommes qui veulent fonder une vie de couple sont devenues une perle rare », se lamente ingrid Ouattara, infirmière. A 42 ans, elle  rêve encore  du prince charmant. Pour elle, la solitude n’est jamais choisie de plein gré. On s’y réfugie par défaut, ou par obligation. Car, l’être humain qu’il soit homme ou femme, est de nature voué à la vie en famille ou en groupe.

Les libérés…

A l’opposé d’Ingrid, d’autres femmes, elles défendent becs et ongles leur solitude choisi. « Je n’ai pas besoin d’un homme, je gagne bien ma vie, je gère tout sur le plan matériel, je pars en vacances seule, j’ai beaucoup d’amis, je m’organise comme je veux ». « Tout le monde me demande pourquoi je ne suis pas mariée. Je suis si agréable à vivre, si marrante, ils me disent ! Des hommes veulent me connaître, coucher avec moi, d’autres voudraient m’épouser. Mais je ne veux pas devenir leur nounou ou leur bonne à tout faire. Les hommes ont trop été habitués à être servis. Je préfère garder ma liberté. Bien sûr, parfois la solitude me pèse, je suis inquiète de vieillir. Dans ces cas j’appelle mes amies, ou un vieux copain, et ça va mieux», estime Edwige K. D’autres, elles, se font Diane chasseresse. Menant plusieurs relations, et renouvelant leurs amants au gré des rencontres. Elle fréquente parfois un mari à mi-temps, amis, un amant, un homme marié. Céline est l’une de ces chasseresses. « J’aime les hommes, dit-elle. Mais pas trop longtemps ». Beaucoup de ses amants la traite d’« égoïste », ce à quoi elle répond : « Je prends ça pour un compliment ». Pour elle, la solitude est d’abord une affaire de bonne gestion d’emploi du temps.

Ces nouvelles relations qui s’instaurent…les couples en CDD.

Et aujourd’hui, beaucoup de gens entendent construire une relation amoureuse sans pour autant se dissoudre dans « le conjugal ». Ceux-là veulent garder un peu d’indépendance, conserver des amis, préserver une vie en propre. De nouvelles relations s’inventent, plus tolérantes, moins exclusives, plus autonomes. La fidélité en amour s’éprouve sur le temps, sans être forcément synonyme d’être ensemble toujours, ou même de fidélité sexuelle. Les couples d’aujourd’hui sont en CDD

Par Prunelle P.

Publié dans Sur la sexualité

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